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Hingan Uryanghai

Higashimurayama-shi Tokyo Japan

J'aimerais me présenter. Je suis né en 1973 dans la ville de Tophhot, dans la région autonome de Mongolie intérieure. Mon père est éditeur et ma mère est enseignante, tous deux mongols. J'ai étudié l'Art à l'Université Normale de Mongolie intérieure de « Hukhhot » qui signifie ville bleue. Bien qu'il y ait beaucoup de Mongols dans cette ville, il y a beaucoup plus de Chinois Han. C’est une ville multiculturelle avec un mélange de culture mongole et de culture Han.

Quand j'étais à l'Université, je me suis spécialisé en peinture à l'huile parce que j'admirais la matière et la reproduction réaliste de la peinture à l'huile, mais comme je l'ai écrit dans mon dernier e-mail, lorsque j’ai intégré les études supérieures, il n'y avait qu'un cours de peinture à l'encre, alors je m’y suis inscrit. C’est durant cette période que j’ai commencé à étudier et à faire des recherches systématiques sur l’encre. 

Ce que j'ai appris c'est « l'intentionnalité » de la peinture et son importance dans la peinture à l’encre.

La thématique que j'aborde concerne les humains et la nature et c'est en partie pour des raisons personnelles que depuis l'enfance j'aime les animaux, car je m'intéresse au mode de vie mongol dont la vision est très proche de la nature. Les mongols dans leur cœur reconnaissent les humains en tant qu’organisateurs du monde et conjointement la valeur propre des animaux des prairies. Leur vision du monde est très différente de celle de la société concentrée autour des villes.

Bien que n'ayant jamais écrit des réflexions ou des poésies sur cette thématique, j’ai édité au Japon, deux livres d'images basés sur la vision du monde mongole. Les titres sont « Alohan and the Sheep » et « The Alone Frog ». 

Pour revenir à notre échange, je pense que la structure devrait être un facteur plus important dans mon travail car jusqu’à présent, ma perception a souvent été fragmentaire. Par exemple, j'ai été conscient dès mon arrivée au Japon, de l’importance de ma relation avec les peintures murales d'Altamira. Mais au fil du temps, ce sur quoi je me concentre s’étend à d’autres domaines. En ce moment, je prête une attention particulière à la spiritualité de l'encre et à l'abstraction contenues dans la calligraphie. L’exposition personnelle que je prépare pour janvier 2025 présentera également des œuvres expérimentales. Merci pour cet échange concernant la « spiritualité » et la « force vitale » que je souhaite intégrer sérieusement tel un défi.

Croquis 01 / Encre sur papie / 32x24cm (2024)

Croquis 02 / Encre sur papier / 32x24cm (2024)

Life / Encre sur papier de lin / 80X100cm ( 2024)

Exposition personnelle / Signe / Gallery Hippo (January 2025)

Sakaï / Encre sur papier / 91x182cm

Chantal Barlier / Répondre

Hingan, merci pour ton mail.

Intention et attention esquissent un nouvel élan vers d'autres horizons, un au delà de la ligne.

Une invitation à saisir la beauté impermanente des cycles de la nature, de la force du vent, de l’eau, du son organique où esprit et réel se mêlent et touchent l’harmonie de l’existence. Un regard posé sur nos lieux, sur notre présence au monde, un chemin d’humanité.

Paysage(S) occasionne la rencontre de problématiques et d'artistes et met en évidence une manière d’être. En effet la communication des réseaux sociaux est souvent réduite à des vues, dont la mention j’aime effeuille / un peu / beaucoup / passionnément / en un clic conventionnel de l’image. Le propos de Paysage(S) est le partage d'une sensibilité qui donne sens à l'authenticité du regard, à nos différents points de vue et porte l'intérêt sur l’humain et le contexte d'une création.

Il y a quelques mois sur FB, j'ai été touchée par un dessin d’Hingan. Il s’agissait d’un cheval traité à l’encre de chine d'une belle maitrise technique. Mais au delà, ce qui m'a saisie était la force qui émanait de l'animal, un élan intérieur dégageait l'essentiel du sujet, la perception du mouvement. L’animal fendait l’espace, fécondant une quête symbolique de l'immensité sauvage, tous deux ne faisant qu'un.

Mon regard voyageait vers cet ailleurs, j’ai souhaité en savoir davantage… 

Aujourd'hui notre échange parle d'une recherche dont le doute, propre à l’artiste reste présent. Les mots dévoilent peu à peu une création reliée au monde et s'énoncent autour d'une réflexion différente et commune. L'approche en gestation d'Hingan est une porte ouverte sur l'insondable d'un ciel, que décline une écriture de signes mongols emprunts de sacré. Le fil conducteur qu'il nomme le Sakaï, limite entre visible et invisible, interroge une quête de l'origine dont l'horizon inhérent à la problématique n’a de cesse d'éclairer les brumes d'un ici et lointain, un appel vertigineux à la verticalité de l'homme.

L'esprit du paysage et mon esprit se sont concentrés et, par-là, transformés de sorte que le paysage est bien en moi . Shitao